APPARITION II

Apparition aux femmes (Mt. 28: 1-10)
Comme je suivais les Saintes Maries
En rêve, pour m’embaumer du tombeau,
Pour désaltérer mon âme tarie
D’enseignements éblouissants et beaux ;
Un fort tremblement ébranla la terre,
Sur notre chemin, et changea mon corps ;
Un ange, d’un éclair, roula la pierre
Du sépulcre, sur mon deuil et ma mort.
Il nous drapa de son habit de neige
Puis dit aux femmes, et au clandestin,
Que le corbillard et son noir cortège
Ont dévié vers un rayonnant destin ;
Qu’il n’y a plus lieu d’aller à la recherche
Du Crucifié, le Fils du Dieu vivant,
Qui a, aux fils d’Adam, tendu sa perche
Pour les pêcher, les lancer de l’avant !
Il est ressuscité ! Il est en gloire !
Allez donc l’annoncer à ses amis ;
Sa potence est la Croix de la Victoire
Devant laquelle le Mal est soumis.
Allez transformer leur tristesse en joie,
Inonder leur cachette d’un grand Jour
Qui ensoleillera toutes les voies
Tracées du sang sacré de Son Amour.
Allez donc jusqu’au fond de leur vallée
De larmes, vous les premières témoins,
Qu’ils aillent Le rejoindre en Galilée
Bien qu’il ne soit jamais absent, ni loin.
Aussitôt, les Maries, les saintes femmes,
S’en retournèrent, pleines d’émotion,
Transportées par leur amour, par la Flamme,
Sans prêter à l’intrus une attention.
Et je vis, au retour, comme une nue
Aux traits connus, d’où flamba une Voix
Qui leur dit chaudement : « Je vous salue ! »
Et puis qui me chuchota : «Je te vois ! ».
J’en fus pétrifié en pierre angulaire,
Moi, menu plâtras, fait pour marchepied ;
Seigneur ! Depuis ce roulement de pierre,
Ma pierre est un piédestal à tes pieds.
R.B.