Dés-Embarquement vol 10452
Débarquez-nous de cet avion
Surchargé, qui a pris de l’âge,
Usé, pour que nous survivions,
Que nous évitions le naufrage !
Embarquez-nous dans un avion
Tout neuf, pour un plus grand voyage,
Vers le pays dont nous rêvions
Lorsque nous étions en bas âge !
Débarquez-nous de l’appareil
Branlant, et bon pour le garage,
Aux passagers masqués, pareils,
Mais qui ne sont pas de passage !
Embarquez-nous dans un vaisseau
Rêvé, pour d’autres paysages,
Qui porte sur l’aile le sceau
D’un Cèdre au florissant visage !
Débarquez-nous de ce fuseau
Qui fut un flambant fuselage,
Éloignez-nous de son museau
Carnassier, au puant pelage !
Embarquez-nous avec Noé,
Dans son Arche de sauvetage ;
Embarquez ce pays noyé
Vers de resplendissantes plages !
Débarquez-nous de ce vieux vol,
Avec son butin pour bagages ;
Qu’il débarrasse notre sol
Défiguré par leurs ravages !
Embarquez-nous dans un beau char
De paix, vers des mondes plus sages,
Des figures d’hier, sans fard,
À l’écoute du vieil adage !
Débarquez-nous de ce radeau
De la Méduse, de la rage,
Déchargez-nous de leur fardeau,
De leurs mensonges, leurs outrages !
Embarquez-nous dans un engin
Spatial, pour fuir l’aréopage
Hideux, et ce peuple qui geint ;
Se sauver des preneurs d’otages.
Débarquez-nous de cet oiseau,
De ce rapace si sauvage,
Qui pollue nos cieux et nos eaux
Et qui infeste nos rivages.
Embarquez-nous pour un ciel bleu,
Moucheté de chastes nuages,
À bord d’un être fabuleux
Qui verdira nos pâturages !
Débarquez-nous des pavillons
Étrangers, au mauvais mouillage,
Écumant sous les aquilons,
Conduits par un fol équipage !
Embarquez-nous vers un État
Qui règne, chez lui, sans partage,
Sans tuteur, sans mini-État,
Qui reste à l’abri des orages.
Débarquez-nous, embarquez-les,
Enfermez-les dans cette cage ;
Balancez, dans les airs, la clé
Et retardez l’atterrissage!
Embarquez ce train cafardeux,
Venu d’un vol à l’étalage :
Vol 1 0 4 5 2 ;
Internez-les, tournons la page !
Débarquez-les, embarquez-nous
Pour ce Liban qui est l’ouvrage
De Dieu ! Que l’on prie à genoux
De nous le rendre à Son Image !
R.B.